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♥ Les Furies

« Les Furies » de Lauren Grof (L’Olivier)


J’ai d’abord été attiré par ce livre à cause de la publicité inhabituelle qu’en a faite Barak Obama en le sacrant « meilleur roman de l’année 2016 ». Venant d’un président des Etats-Unis, cette déclaration attisait à la fois ma méfiance et ma curiosité. Et puis après tout, M. Obama est quand même doté d’une culture solide et d’un bon goût certain. Mais venons-en au roman ! Très vite, l’intrigue est posée : un jeune homme issu d’une riche famille du Sud tombe amoureux d’une splendide jeune femme dotée de qualités physiques et morales exceptionnelles, ceci après d’inévitables errances de jeunesse. Elle s’appelle Mathilde et lui, Lancelot, mais tout le monde l’appelle Lotto. Le roman va s’attacher à suivre leur couple de son commencement à sa fin. Toute en précision et en retenue, la fresque devient alors sociologique. C’est par exemple le cas quand Lotto qui est d’origine aisée ambitionne de devenir artiste. L’auteure peut alors mettre en scène toute l’histoire du milieu artistique des années 90 à nos jours. De l’alternatif à la gloire, on reconnait toutes les grandes épopées artistiques de ces trente dernières années. Les pièces de théâtre dont personne ne voulait lire la première réplique finissent par être à l’affiche pendant des mois sur Broadway. Dans le même temps, on assiste à l’évolution du couple : grand amour, puis crise, puis retrouvailles, etc. Quant aux détails du décor, ils évoluent au gré des succès des pièces de Lotto. Pour décrire ces changements imperceptibles au fil des jours mais profonds au fil des ans, Lauren Groff brille par l’économie de moyens, mais rend malgré tout parfaitement le tableau général. Vers le milieu du livre, dont on admirait déjà l’inventivité et la bonne tenue littéraire, vient le coup de génie : les masques tombent et on apprend que les réalités peuvent être appréhendées de manière très différente selon les individus. Ce que le lecteur prenait pour la vérité la plus absolue n’en est qu’une facette imparfaite.

Arrivé à la dernière page du roman, je suis persuadé que Barak Obama avait drôlement raison d’en faire l’éloge.

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