« La nature exposée » d’Erri de Luca (Gallimard)
Il vit seul tout en haut du village, là où la montagne commence vraiment. Quelques sculptures, des pierres qu’il trouve et qu’il revend aux touristes le font vivre. Une vie simple, frugale. Récemment, des dizaines de réfugiés sont arrivés au village. Ils cherchent à passer de « l’autre côté », alors il les aide. L’argent qu’il reçoit pour la traversée de la frontière en pleine nuit, il le redonne à l’arrivée. Il ne veut pas profiter de la misère des autres.
Ce n’est pas du goût de tout le monde, alors un jour il doit partir. Il s’arrête dans une bourgade au bord de la mer. Dans l’église, le curé lui demande de réparer un crucifix puisqu’il a le don de sculpter la pierre. La statue du crucifié à restaurer n’est pas commune : tout d’abord, elle est magnifique, une vraie œuvre de la Renaissance, quoique sculptée au début du 20e siècle ; d’autre part, une légère érection se devine sur le Christ mourant. A l’époque, cela avait fait scandale et l’Eglise l’avait masquée d’un chaste pagne ajouté contre l’avis de l’artiste. Aujourd’hui, l’Eglise a changé d’avis et souhaite le retirer. Cette transformation deviendra son œuvre à lui et il y investira toute sa personne.
Ce court roman permet à Erri de Luca de disserter à loisir sur le sens des religions et sur la nécessaire charité qui devrait les animer. Comme à son habitude, l’écrivain italien réussit le mariage de la poésie et du sens dans un petit roman qui donne matière à méditer longuement.
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