« Danser au bord de l’abîme » de Grégoire Delacourt (Lattès)
Emmanuelle est une femme comblée, fin de la trentaine, trois beaux enfants et un mari aimant. Aucun souci d’argent, puisque ce dernier est un commercial doué pour la vente qui a réussi dans le domaine des voitures de luxe…. « J’étais l’une de ces femmes heureuses » comme elle le dit bien en début de roman. Il y a pourtant un mais : le vide que ressent profondément Emma et qui se manifeste d’abord professionnellement. En effet, elle n’a pas suivi ses rêves qui étaient autrefois d’être libraire, de travailler dans une cinémathèque ou même d’écrire. Elle se retrouve ainsi aujourd’hui vendeuse dans son propre magasin, qui devait initialement être une librairie, mais que, suite aux « conseils » de son mari Olivier, elle a transformé en magasin pour vêtements d’enfants. Le coup de tonnerre, ou plus exactement le coup de foudre, survient à l’improviste dans une brasserie durant la pause de midi. Un homme prend sa serviette et essuie délicatement sa bouche. Emma en tombe immédiatement amoureuse, bizarrement mais follement ! La suite est prévisible, apparemment ! Ce nouveau roman de l’auteur de « La liste de mes envies » revient sur la passion amoureuse, ses effets destructeurs, mais aussi ses causes profondes et son aspect irrésistible. Le plus réussi est sans doute cette analyse méticuleuse, jour après jour, et surtout la mise en parallèle durant tout le récit de la nouvelle d’Alphonse Daudet, « La chèvre de Monsieur Seguin », qui résonne et lui donne toute sa profondeur. Les rebondissements extraordinaires du récit sont eux peut-être un peu moins heureux.
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